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Danse et motion graphics : S’inspirer du corps humain en mouvement

Des GIF aux vidéos, en passant par les graphiques pluridimensionnels, le motion design n’a cessé d’évoluer au cours des dernières années.

Elastic Shore par Patrick Lovejoy

De ces intersections entre le mouvement et les arts digitaux, la danse et le corps humain en mouvement ont été source d’inspiration pour créer des pièces uniques, avec des lignes, traits et des transitions appliqués au graphisme en mouvement.

La danse et les arts visuels, n’ont pas seulement des racines communes. Toutes ces disciplines ont été créées pour la contemplation et sont donc considérées comme des « arts visuels ». Ensemble, elles partagent la plasticité de leurs langues et de leurs narratives.  

Le corps humain, lorsqu’il est en mouvement, en coordination ou non, peut créer une atmosphère ou de nouveaux modèles d’interaction pouvant être utilisés pour créer différentes propositions, comme le motion design. 

Dans une volonté de se réapproprier la façon dont nous pensons au mouvement, plusieurs créateurs ont pris l’influence du mouvement humain à travers la danse pour créer des expériences visuelles et graphiques.  

Et, de cette forme d’expression corporelle émergent des techniques digitales, telles que l’animation et le motion design. Examinons quelques exemples de cette influence.

Danse et graphisme en mouvement

Le motion design est l’art de mettre le graphisme en mouvement.

Les techniques vidéographiques ont permis d’animer plusieurs choses et en particulier des objets graphiques constitués de formes, de couleurs, de typographie, de montages photographiques. On appelle ça du graphisme en mouvement ou motion graphics, en anglais.  

Dans cette optique, réalisateurs de diverses productions n’ont pas pu se détacher du pouvoir graphique de la danse, étant donné la richesse du corps comme ressource expressive. 

Artiste : Matt Kidd (Slow Meadow) Metteur en scène : Cian Hogan Danseuse : Kya Bliss

On retrouve, par exemple, ce croisement de techniques et de disciplines dans le clip de Slow Meadow, « A Light Without Flame », de Cian Hogan. Le mouvement de la danseuse a été utilisé comme point central de l’animation, utilisant sa chorégraphie interprétative pour créer des formes et des compositions visuelles qui interagissent avec la musique. L’équilibre entre le digital et l’analogique était l’objectif en termes de style, reflétant le mélange, les synthés électroniques se mêlant au piano et au violon traditionnels.

Il s’agit justement d’un ensemble d’animations dessinées à la main – rotoscopie et de motion graphics utilisé pour atteindre cet équilibre – ainsi que des textures digitales (pixellisation de l’écran) et analogiques de grain de film.

Artiste : Matt Kidd (Slow Meadow) Metteur en scène : Cian Hogan Danseuse : Kya Bliss

Motion Design & Slow Motion

Au-delà des chorégraphies et des mouvements synchronisés par la musique ou le silence, le mouvement du corps humain peut également représenter des idées abstraites telles que le passage du temps, les structures fixes ou les émotions. 

Dans tous les cas, le corps sert de canal d’expression d’un message qui peut être traduit en éléments géométriques, structurels, couleur ou même par la vitesse des mouvements.

Un exemple peut être le mélange réussi de danse et de vidéo pour la création de « Future Proof » : une collaboration dirigée par Nathan Drabsch entre le studio australien de design et de motion The DMC Initiative et 7 danseurs. Les performances ont été capturées afin de créer une pièce unique, fluide et complète.

La création est basée sur les concepts de croissance, de partage, d’envoi et de réception. 

Finalement, l’accent est mis sur les danseurs, qui créent et interagissent avec des formes abstraites dans un vaste scénario inconnu. Leurs propres mouvements déterminent la création et la destruction finale de ces éléments.

« Future Proof » par le studio The DMC Initiative
« Future Proof » par le studio The DMC Initiative

Danse et typographie

Le corps humain en mouvement a également réussi, grâce à ses trajectoires et ses croisements, à devenir une source d’inspiration pour la création d’éléments typographiques. 

Grâce à certaines techniques de reproduction, différents graphistes et artistes sont parvenus à capturer des traits qu’ils ont ensuite réussi à transformer en lettres ou en symboles. 

Dans le projet Body Experimental Type, le duo de graphistes Haocheng Zhang et Binyan Wu, s’inspirent de l’art de la performance et des formes de lettres pour visualiser la géométrie abstraite du corps.


Body Experimental Type : création de la typographie et visuels par Haocheng Zhang, costumes par Bingyan Wu.

Les deux designers ont une approche résolument ouverte de leurs pratiques multidisciplinaires, qui vont de la calligraphie au design de vêtements et de matériaux, ce qui les a amenés à collaborer sur ce projet, Body Experimental Type. Au départ, c’était une façon de découvrir d’autres possibilités du corps dans la dimension visuelle.

Les artistes ont cherché à incarner le mouvement du corps à travers les caractères en transmettant l’émotion par la typographie.

Body Experimental Type : création de la typographie et visuels par Haocheng Zhang, costumes par Bingyan Wu.

La fondation collaborative NM type a créé également une fonte expérimentale en étudiant la danse du chorégraphe sud-africain Andile Vellem. Le studio a travaillé avec l’artiste qui a imaginé différents mouvements pour représenter chaque lettre, chiffre et symbole.

Fondation collaborative NM type

Corps en mouvement et technologie

Développeurs et artistes ont pris le temps de se plonger dans la pensée du mouvement et dans la manière dont nous créons une valeur émotionnelle pour les spectateurs, par le biais de systèmes conçus à l’aide d’animations. 

En se tournant vers la typographie, la couleur, la texture et d’autres outils pour évoquer une réponse, des créateurs ont conçu des outils pour exploiter la danse comme matière première du mouvement à l’aide de la technologie. 

C’est le cas du projet Elastic Shore qui utilise un logiciel de « live painting » personnalisé permettant à un artiste de créer des images en temps réel pour suivre les mouvements d’un danseur.

Elastic Shore par Patrick Lovejoy / Photo Credit: Julieta Cervantes

L’artiste dessine les formes sur une tablette et contrôle le style et la couleur via un contrôleur MIDI. L’aspect de chaque coup de pinceau peut changer en temps réel, ce qui permet à l’artiste de passer spontanément d’un style et d’une couleur à l’autre en suivant les mouvements du danseur.

L’objectif est de révolutionner le spectacle vivant en créant des expériences qui repoussent les limites de la technologie de pointe.

Dans une approche similaire, la lumière sert également de ressource discursive entre la danse et la création de formes et d’éléments graphiques. « Nuance » est un court métrage du réalisateur français Marc-Antoine Locatelli mettant en scène le danseur Lucas Boirat interagissant avec des formes géométriques illuminées dans une performance chorégraphiée fantastique.

Nuance: Dancing with Light par Marc-Antoine Locatelli

Comme nous avons pu le voir, la danse et le mouvement du corps humain peuvent être une source d’inspiration pour les arts digitaux. Les deux mondes, l’analogique et le numérique, se croisent pour créer des dimensions alternatives à la créativité.

(Ré) 
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